Le maire a-t-il failli ?

Dans nos éditions de novembre 2016 (n° 92) et de mars 2018 dernier (n° 105), nous évoquions ces tas d’ordures qui jonchent nos rues et qui nous exposent à un risque de santé publique certain et de l’opportunité de continuer à payer cher, très cher pour un service loin de valoir son pesant d’or.

Plus de trois millions d’euros ; telle est la somme versée annuellement par la Communauté de communes de Petite-Terre au syndicat en charge de la collecte des ordures ménagères, le Sidevam976. Une collecte qui, depuis la mort des Sivom (syndicats intercommunaux de voirie et ordures ménagères), est devenue chaotique.

Des camions très (si ce n’est trop) souvent en panne, des clauses de ramassage ridicules (on ne ramasse que ce qu’il y a dans les bacs et non par terre même si cela est le résultat de bacs qu’on n’a pas vidés depuis des jours et qui ont fini par déborder) et des usagers loin d’être frappés par le syndrome du civisme donnent, tout cela mélangé, le résultat que l’on voit aujourd’hui dans tous nos coins de rues sans exception aucune. De la très fréquentée rue du Commerce à la place de l’hôtel de ville en passant par les rues de Moya, d’Oupi et autre route des Badamiers, c’est la désolation totale. Sale est notre commune et personne ne peut dire le contraire. Interrogé par nos confrères de Mayotte La Première, le maire de Dzaoudzi « considère que le ramassage est une affaire communale et le traitement celle du syndicat ». C’est ainsi que la majorité municipale a délibéré par trois fois demandant la modification des statuts du Sidevam afin de séparer explicitement le ramassage du traitement. Ceci en vain « mais nous ne désespérons pas d’être entendus un jour », confiera Said Omar Oili. Selon nos informations, ce dernier souhaite confier ce ramassage à son service technique qui a la charge de la propreté urbaine et pour laquelle la commune débourse environ six-cents mille euros (600 000€) par an. Les trois délibérations du Conseil municipal envoyées au Sidevam sont restées lettre-morte et n’ont jamais été mises à l’ordre du jour. Nos délégués, Chamsia Mohamed et Chams’eddine Fazul, feraient-ils passer leur petit confort indemnitaire avant l’intérêt général ?

Très étonnant quand on sait que le 1er vice-président en charge de la communication du Sidevam n’est autre que le sus cité délégué communal. Se battent-ils vraiment pour faire mettre ces délibérations à l’ordre du jour ? Font-ils leur maximum pour que le syndicat délibère dans le sens de la commune et faire recentrer le ramassage à la localité ? Et quel bouleversement cela engendrera au sein du Sidevam si les communes récupéraient le ramassage ?

Outre une baisse conséquente des dotations (la commune donne aujourd’hui deux millions deux-cents mille euros pour le ramassage et le traitement. Cette somme serait donc fortement revue à la baisse), un remaniement politique au sein de la gouvernance pourrait aussi intervenir. Quant aux indemnités, cela n’aurait aucune incidence sur ces dernières et resteraient inchangées.

Une nouvelle déchèterie

Avec l’avènement de la rupéïsation, « on nous avait donné un délai pour fermer toutes ces déchèteries à ciel ouvert. Sauf qu’on n’a pas tout de suite créé des déchèteries aux normes. On a laissé faire et fermé sans donner d’autres alternatives à la population. Ne pouvant pas se rendre à Mamoudzou ou à Dzoumogné pour une autorisation d’aller jeter aux Badamiers, celle-ci jette dans la rue », tente d’expliquer l’édile de la commune. Et en attendant que la situation avec le Sidevam se décante, la municipalité a délibéré pour la création, à l’instar de Sada, d’une déchèterie. « Nous avons identifié un terrain vers les Badamiers où nous allons construire une très grande déchèterie. On pourra y procéder aux tris, tout faire ici avant d’envoyer les déchets en Grande-Terre », affirme le maire. Et de finir par reconnaître que « les ordures ménagères sont parmi les grands échecs de notre mandature. Mais quand on reconnaît sa faute, c’est qu’on est prêt à rebondir et apporter des solutions ».

Un début de solution sera peut-être apporté avec ce projet de déchèterie. Mais cela sera-t-il suffisant pour ne plus voir des tas d’ordures dans nos rues ? Serons-nous assez responsables pour ne plus jeter tout et n’importe quoi n’importe où ou notre sens de l’incivilité prendra toujours le dessus ? Et enfin, la déchèterie verra-t-elle le jour avant la fin de cette dite mandature ?

En attendant et ce malgré des calendriers de ramassage distribués par le Sidevam, Labattoir demeure toujours sale… même si certains relativisent et disent que c’est encore pire dans d’autres communes !