Qu’est devenu le projet de « la promenade des Mahorais » ?

Dans notre édition de février 2014, portant le n°77, nous nous entretenions avec Mohamadi BACAR M’COLO, alors Maire de la commune de Dzaoudzi sur l’aménagement du Bd des Crabes (de Four-à-Chaux à Dzaoudzi) ; un projet devant coûter 3 400 000€ sur trois ans et dont plus de la moitié avait déjà été récoltée. Évincé aux échéances électorales de la même année par Saïd OMAR OILI et sa liste, qu’est devenu ce projet ? La continuité administrative a-t-elle joué ?

La municipalité, sous l’ère de Mohamadi BACAR M’COLO, avait imaginé un aménagement global qui partirait du rond-point de Four-à-chaux à Dzaoudzi pour constituer un des deux pôles économiques de la commune ; le second devant voir le jour vers Badamiers. En même temps que les agents de la Sogea s’affairaient sur ce bras de route pour la sécurisation et la mise en place d’un nouvel éclairage, des voix se sont levées à Labattoir pour contester ce choix et faire naître une polémique.

C’est ainsi que je décide de m’entretenir avec les responsables municipaux quant à ce sujet. Et qui mieux que le chef de file de cette majorité municipale peut me parler de ce choix, de ces travaux ?

C’est à son QG de campagne de l’époque qu’il me reçoit un soir de mercredi 12 février. Gros dossiers sous le bras, il tient à éclaircir et éteindre cette polémique qui n’a lieu d’être mais que des prétendants à la fonction suprême de la commune prennent à leur compte.

« L’aménagement du Bd des Crabes coûtera la somme de 3 400 000€ (trois millions quatre-cent-mille euros) sur trois ans. Nous avons actuellement 1 100 000€ (un million cent-mille euros) ; résultat de la somme du FIP (fonds intercommunal de péréquation) et d’un emprunt de 700 000€ (sept-cents mille euros) souscrit auprès de l’Agence française de développement (AFD) », explique le maire BACAR M’COLO. Et de mettre l’accent sur le fait que « si l’AFD nous a accordés ce prêt, c’est parce qu’elle nous fait confiance car nous maîtrisons notre budget et nos finances malgré l’accident de 2012 suite au recensement qui a fait état d’une baisse de notre population entrainant en conséquence une baisse de nos dotations ». Et effectivement, le recensement de 2012, alors que la population globale de Mayotte était en hausse de 16%, celle de la commune de Dzaoudzi affichait une baisse de 4,26% soit une perte de 654 habitants. « J’ai contesté ces chiffres ! », affirme le maire. Si effectivement nous n’avons pas vu le maire faire un tapage médiatique pour afficher sa contestation, j’ai été ce soir-là lecteur d’une saisine du Préfet au Ministre de l’intérieur faisant état de cette contestation et demandant l’application des articles L. 2335-2 et L.2335-3 du CGCT (code général des collectivités territoriales) en faveur de notre commune. Et de cette saisine, la commune a pu bénéficier d’une aide exceptionnelle de 120 000€ (cent-vingt-mille euros) sur les 1 200 000€ (un-million deux-cent-mille euros) réservés à toute la France. Sans être un grand matheux, on peut vite comprendre que la commune a raflé 10% de la somme globale. Et de me répéter ; non sans grande fierté, « il paraît que ça remonte à très longtemps qu’une commune mahoraise a bénéficié d’une d’aide exceptionnelle. Et nous, nous avons eu 10% ! ».

Selon toujours le maire, ce dernier m’explique que « le projet du Bd des Crabes est un projet qui me tient à cœur, qui nous tient à cœur parce que c’est un lieu de transit. Les gens passent sans vraiment voir la beauté de ce lieu. Nous avons donc eu l’idée de proposer aux habitants et aux usagers des lieux une vie beaucoup plus attrayante par un aménagement global. Que les gens aillent prendre l’air sur ce que j’appelle ‘la promenade des Mahorais’ (un clin d’œil à la fameuse Promenade des Anglais de Nice – ndlr). C’est un projet à la fois communal, départemental et national. N’oublions pas que le Bd des Crabes est d’abord une route nationale. L’idée est donc de requalifier le cheminement, sécuriser les déplacements, favoriser l’accessibilité à tous. Que ce soit aux piétons, à ceux qui iront faire le jogging le soir ou à ceux qui iront flâner dans les kiosques qu’on ouvrira », précise-t-il.

Le bras de route du Bd des Crabes va donc devenir un pôle économique. Je dis donc bravo mais je me questionne sur l’aménagement. Allons-nous refaire les mêmes erreurs qu’à Labattoir avec une rue du Commerce dénuée de vraies places de parking obligeant les usagers des commerces à se garer de part et d’autre des trottoirs ? Qu’adviendra-t-il de ces automobilistes qui veulent aller au restaurant Le Faré et qui sont obligés d’utiliser le trottoir d’en face en guise de parking ?  Et le maire de me rassurer « Des places de parking, des aires de repos et des jardins y sont prévus. Le jardin actuel de M’rognombéni va être revu et les parkings de Dzaoudzi aménagés pour devenir plus tard payants ». Et à ceux qui disent qu’il y avait mieux à faire ailleurs et plus urgent que le Bd des Crabes, il répond « c’est d’abord un choix politique et une volonté d’améliorer le cadre de vie et de créer des pôles économiques par l’implantation d’une halle des pêcheurs, d’un port de plaisance, de kiosques, de petits commerces. Et n’oublions pas que le Bd des Crabes et Dzaoudzi, c’est aussi le territoire communal ! ».

Le Bd des Crabes n’est que le début d’une liste de grands projets communaux ; notamment la Médiathèque municipale qui se situera vers le magasin Score où 2100m² ont été cédés par le Conseil général, des Tribunes-vestiaires au stade communal Alain Poher, l’aménagement de la voirie à Dzaoudzi où des travaux de 890 000€ (huit-cent quatre-vingt-dix-mille euros) seront engagés afin, non seulement de sécuriser la circulation, mais également de répondre à une forte demande de l’hôpital car en période de pointe, les ambulances ont du mal à circuler normalement. Ces aménagements ont un coût mais la commune pourra toujours se rattraper sur les parkings qui deviendront payants. L’aménagement des parkings permettra aussi de rationaliser l’espace et de mettre fin à l’anarchie qui s’y produit tous les matins. Qui n’est jamais tombé sur des voitures qui barrent la bonne circulation alors que nombreuses sont les places encore disponibles ? Si cela ne vous est jamais encore arrivé, c’est que c’est votre voiture qui fait barrage.

S’il est vrai que certains quartiers de la commune n’ont pas encore l’éclairage public et qu’on aurait pu changer les ampoules de celui du Bd des Crabes afin de réaliser ces travaux d’éclairage là où il n’y en a pas, un meilleur cadre de vie n’auraient pas de sens sans cet aménagement global. Est-ce le moment opportun ? Qui dit pôle économique, dit entreprises et en ces temps de fiscalité de droit commun, cela peut toujours être bon pour les finances de la commune par le biais de la contribution économique territoriale (CET).

Un projet ambitieux qui n’a vu que le nouvel éclairage. Que sont devenues les sommes qui y étaient engagées ? Et le reste des travaux ? Voici quelques-unes des questions que nous poserons à la municipalité actuelle dans notre prochaine édition.