Les Grands électeurs lui disent non !

Les élections sénatoriales 2017 ont lieu le dimanche 24 septembre ; élections visant à renouveler la moitié de la Chambre haute. À Mayotte, 486 Grands électeurs ont à choisir deux candidats parmi quatorze.

Et parmi ces derniers, y figure le maire de Dzaoudzi Said Omar Oili a.k.a (also known as) S2O qui, pour la deuxième fois, convoite un mandat national. En effet, après un échec aux Législatives de 2012, il s’est déclaré candidat aux Sénatoriales des mois après son élection au poste de Maire de la sus citée localité ; alors que certains de ses détracteurs le disaient avant même les élections municipales. Des mauvaises langues ?

Élections uninominales à deux tours, les bureaux de vote, situés en Préfecture, ouvrent pour le premier tour de 8h30 à 12h puis de 15h30 à 17h30 pour le second. Aucun incident à relever et au premier tour, c’est le sénateur sortant Thani Mohamed Soilihi qui arrive largement en tête ratant de huit longueurs la réélection dès ce premier tour ; suivi par Abdallah Hassani et Saïd Omar Oili.

Pour le second tour, seul un candidat n’ayant obtenu aucune voix ne pouvait s’y maintenir. Mais seuls six d’entre eux le feront. L’entre-deux-tours donne lieu à de nouvelles tractations. Ces dernières profiteront surtout à Abdallah Hassani qui consolide sa place de second passant de 131 à 206 ; soit un bond de 75 voix raflant peut-être par la même occasion 15 des voix de son poursuivant du premier tour S2O qui passe de 115 à 100. S2O se fait même doubler par le candidat Les Républicains (LR), Soilihi Ahmed, qui profite d’une partie des voix de son collègue Hassani Harouna.

Roukia Lahadji, plus forte que S2O ?

Les Grands électeurs ont donc choisi Thani Mohamed et Abdallah Hassani comme sénateurs de Mayotte pour les six prochaines années ; deux candidats farouchement soutenus et « vendus » par la Maire de Chirongui Roukia Lahadji. Et selon nos informations, cette dernière ne faisait pas que plaidoyer en faveurs de ses poulains. Elle ne se gênerait pas non plus pour passer un coup de savon à celui que beaucoup d’analystes et média voyaient accompagner Thani, S2O. De bonne guerre, dira-t-on, et visiblement elle a été très convaincante.

Des erreurs commises

Encarté PS (Parti socialiste) au début de son mandat, le sénateur Thani le finira LREM (La République en marche !). Et c’est tout naturellement qu’il est investi par cette dernière, le parti du Président Emmanuel Macron. Et pourquoi S2O n’a pas eu une investiture alors que tout le monde l’attendait, lui le soutien du candidat Macron ? L’intéressé nous affirmait vouloir « garder son indépendance, surtout que les statuts de LREM le permettent ». Une investiture n’aurait-elle pas été synonyme de plus de moyens ?

Afin de convaincre les Grands électeurs de voter pour lui, à l’instar de tous les autres candidats, S2O a sillonné l’île du Sud au Nord, de l’Est à Ouest avec son comité de soutien ; des élus de sa commune là où les autres candidats se déplaçaient avec des élus de tous bords, de toute commune.

Nous savons que le Nema et S2O ont des hommes de main chargés de l’opérationnel mais à part S2O, qui d’autre dans la stratégie (calculs politiques, communication, etc…) ? Quel poids politique pour ses lieutenants ? Une remise en question ne s’impose-t-elle pas ? Qui pèse ou pourra peser politiquement après S2O ? Ce nouvel échec, à moins de trois ans de son mandat, requinque ses adversaires qui se disent qu’il n’est pas plus insubmersible que le Titanic.

Trahi par les siens ?

Au lendemain de l’élection, beaucoup sont ceux qui se demandent si le candidat S2O a effectivement eu l’ensemble des 26 voix de sa majorité. Certains disent « NON » et avancent notamment le nom de Chams’Eddine Fazul qui ne s’en cachait pas ! Une source nous affirme l’avoir entendu le crier haut et fort en public. D’autres avancent celui d’Issa Soulaïmana Lavie qui est en froid avec le maire depuis les cantonales et le choix de Fatima Souffou au poste de 1ère vice-présidente. Éléphant de la politique et fin politicien qu’il est, il ne s’est pas juste arrêté à ne pas lui donner sa voix, vous vous en doutez bien…

La guerre pour la relève repoussée

Loi sur le non-cumul des mandats oblige, l’élection éventuelle de S2O au poste de sénateur l’aurait obligé à démissionner de son mandat de premier magistrat de Dzaoudzi. Pour le remplacer, des noms circulaient mais deux revenaient avec insistance à savoir Miki et Djanffar. Finalement cette guerre n’aura pas lieu, du moins pas avant la fin de ce mandat. Quid pour 2020.

« C’est tant mieux pour nous ! »

Un adage dit « le malheur des uns fait le bonheur des autres ». Alors que le candidat malheureux S2O doit avoir les boules, certains de ses administrés sympathisants se « réjouissent » de sa défaite affirmant que « c’est une bonne chose pour la commune. Il va pouvoir finir le travail entamé et redorer le blason ».

Adoré dans sa commune, S2O ne réussit pas à s’imposer au niveau départemental pour un mandat national. Fait-il objet du « dégagisme » ambiant actuel ? Quelle conclusion tirera-t-il de ce nouvel échec ?

Laisser un commentaire