Saïd Omar Oili est fait chevalier de la légion d’honneur

Le vendredi 29 septembre dernier, alors en visite officielle dans l’île, la Ministre des Outre-mer fraîchement nommée, Ericka Bareigts a remis, au nom du Président de la République la médaille de la Légion d’honneur à Saïd Omar Oili à la case Rocher à Dzaoudzi.

Initialement prévu à 16h, c’est finalement avec une heure de retard que devant un parterre de personnalités politiques, dignitaires locaux et proches que la Ministre, dans son discours, retrace le parcours politico-professionnel de Saïd Omar Oili. « La légion d’honneur est un encouragement pour que tous les citoyens donnent le meilleur d’eux-mêmes », rappellera la Ministre. Et de continuer, toujours dans son discours avec ces quelques mots qui en ont ému plus d’un et S2O en premier « […] cet honneur est aussi celui de vos parents. Leur éducation, leurs conseils, leurs attentions permanentes ont participé à faire de vous ce que vous êtes aujourd’hui. Et je ne doute pas qu’ils seraient fiers de leur fils devenu serviteur de l’intérêt général » avant d’accrocher la fameuse distinction sur sa veste.

« Un homme qui a fait de sa vie, de ses vies un engament »

Saïd Omar Oili voit le jour voici 59 ans à Dzaoudzi. Après une scolarité à Mayotte puis aux Comores, il part poursuivre ses études supérieures en France métropolitaine et pose ses valises à Poitiers où il est accueilli par cousin et ami Saïndou Assani. Là-bas, il étudie le droit et notamment le droit de l’aménagement ; une matière qui va être une ligne de force pour sa carrière. Après une maîtrise, il obtient en 1987 un DESS du Droit de la construction, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire. Durant ses études supérieures, il passe par le Ministère de l’Équipement à Paris à la Direction de l’Aménagement et de l’Urbanisme (DAU) et participe à l’acquisition et à l’aménagement du terrain abritant le parc du Futuroscope, dans sa ville d’études Poitiers.

Avec son DESS en poche, S2O rentre au pays où il y occupe en 1988 un poste d’adjoint au Chef de bureau de l’urbanise à la Direction départementale de l’Équipement. Il passera huit ans à la DDE passant de poste en poste et de mission en mission, participant ainsi à plusieurs projets de développement de Mayotte. Ses qualités professionnelles dans le domaine de l’aménagement n’étant plus à démontrer, il devient, en 1996, Chef de bureau de la Convention locale du développement social et urbain (CLDSU) de la commune de Sada à l’époque dans une position très difficile avant de diriger, deux ans plus tard le Groupement d’intérêt public (GIP) de Mamoudzou. En 2000, on lui confie le projet de contrat de ville intercommunal Mamoudzou-Koungou. C’est finalement à la Préfecture en tant que Chargé de mission du Fonds européen de développement (FED) qu’il mettra fin à sa carrière au cœur de l’administration.

« Une vie d’enseignant au service de la transmission du savoir, du développement humain et de l’émancipation de l’individu »

Conscient du formidable potentiel que représente la jeunesse mahoraise et ce à condition que celle-ci puisse bénéficier d’une éducation de qualité, S2O rejoint en 2004 le Centre d’études supérieures de l’éducation nationale de Mayotte. Il y restera huit ans. D’abord en tant que Chargé de mission pour l’enseignement supérieur. Il sera notamment en charge de mettre en place de nouvelles filières puis en tant qu’enseignant en Droit de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire. Depuis 2012, il rejoint l’équipe enseignante du lycée de Pamandzi comme Professeur de philosophie puis d’économie. « Je sais que votre dévouement, votre pédagogie sont reconnus tant par les parents d’élèves que vos collègues ; notamment en raison de l’importance que vous portez à l’accompagnement personnalisé apporté à chaque élève », confiera Ericka Bareigts.

« Une vie de responsable politique au service d’une certaine idée du développement humain, économique du territoire ainsi que du respect des règles républicaines »

Selon la Ministre, S2O revendique le fait que la politique ne doit pas être une fin en soi ni une carrière professionnelle. C’est pourquoi il mène son engagement dans la suite d’une carrière déjà bien engagée. Et cet engagement politique commence réellement au niveau départemental en 2001 où il est élu Conseiller général du canton de Dzaoudzi. Il sera alors 3e vice-président en charge de la Commission de l’Aménagement, de l’économie et de l’environnement et celle de réflexion sur la rédaction du plan d’aménagement et du développement durable de Mayotte (PADD). Réélu dès le premier tour dans son canton, il devient en 2004 Président du Conseil général pour un mandat de quatre ans et devient aussi le premier Président de la décentralisation. En 2007 il lance son parti Néma et comme en 2004, il est réélu dès le premier tour en 2008 toujours comme conseiller général du canton de Dzaoudzi. Après un revers aux législatives de 2011 contre Boinali Saïd (celui qu’on appelle désormais Député Mabawa), il se porte candidat aux élections municipales de la commune de Dzaoudzi, chef-lieu de Mayotte, en 2014. Là encore, sa liste est élue dès le premier tour avec plus de 60% des suffrages ; ce qui démontre sa popularité, sa probité, dira la Ministre. À la suite de quoi il est choisi par ses paires pour prendre les rênes de l’association des maires de Mayotte et se lance dans la mise en place de l’intercommunalité de Petite-Terre alors que la collaboration avec la commune voisine de Pamandzi était inexistante et devient l’artisan de la première intercommunalité de Mayotte. Il refuse en 2015 de se représenter aux élections cantonales laissant la place néanmoins à un duo de son parti (lire notre numéro 87 d’avril 2015).

Dans son discours, le fraichement décoré, voix tremblante, essoufflé comme s’il venait de faire le marathon de Paris car tellement ému, il y remerciera ceux et celles qui, de près ou de loin ont participé à faire de lui ce qu’il est aujourd’hui. Une pensée toute particulière à celle qui a toujours été là, qui l’a toujours soutenu dans les bons comme dans les moments difficiles : sa femme Zaharia. Et c’est avec beaucoup d’émotions qu’il a eu une pensée toute particulière à ses parents disparus trop tôt. Et confiera que bien que la remise de la légion d’honneur relève d’un geste plutôt convenu, je ne ferai mystère de ma gratitude et de ma joie. Cette haute distinction je la reçois avec beaucoup de fierté mais aussi avec beaucoup d’humilité.

« Merci papa, merci maman, merci à mes frères et sœurs, merci à mes amis, merci à tous ceux qui m’ont aimé et qui continuent à m’aimer, merci Mayotte, merci plus particulièrement à la population de Dzaoudzi-Labattoir qui m’a toujours porté », lance non sans un brin d’émotion dans la voix Saïd Omar Oili.

Depuis l’annonce de sa décoration, nombreux sont ceux à se demander, par ignorance ou mauvaise foi, ce qu’il a accompli pour une telle distinction. Et dans le langage de la mauvaise foi, cela se traduit par « afa agni madzi trini ? ». À l’instar de Ramlati Ali, Daourina Romouli, Dr Mohamed Ahmed Abdou et bien d’autres, tout citoyen peut être décoré de cette haute distinction créée par Napoléon Bonaparte au début du XIXe siècle, récompensant régulièrement toutes sortes de personnalités qui se sont distinguées dans leur domaine.

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